Aloysius Bertrand
Né dans le Piémont en 1807 et décédé à paris en 1841, Aloysius Bertrand a commencé à écrire très tôt, dés 1826, époque vers laquelle il est aussi tenté par le journalisme politique ; mais Le Provincial, journal qu’il a fondé, se révèle être un échec très rapidement. Il monte alors à Paris, en 1829, où il rencontre Hugo et les collaborateurs de La Muse française, et fréquente les salons de l’Arsenal , fief de Nodier. Son talent y est largement reconnu mais la misère le menace, il ne peut même plus s’habiller et repart à Dijon. Là , il se remet au journalisme sans plus de succès, et s’essaie au théâtre mais n’en tire que des déboires : ce génial inventeur du poème en prose sombre dans la misère, faute d’être publié. Il retourne à Paris en 1833 et vit 8 années de misère, attrape la phtisie, erre d’hôpital en hôpital jusqu’à sa mort en avril 1841.
Aloysius Bertrand est un poète français, considéré comme l'inventeur du poème en prose.
Il n'a réalisé qu'un ouvrage publié à titre posthume, Gaspard de la nuit, nouvelle édition, dont les poèmes sont sous-titrés Fantaisies, comme les oeuvres de Rembrandt (1842). Pour ce recueil unique dédié à Sainte-Beuve, Bertrand s'est inspiré de ses contemporains comme Théophile Gautier, ou Victor Hugo. Toutefois, il permet l'enrichissement du romantisme français en introduisant un peu de la folie et de l'austérité du romantisme allemand.
Poète maudit, il inspire Charles Baudelaire, qui reconnaît que l'écriture du Spleen de Paris est l'aboutissement de sa lecture de Gaspard de la nuit.
Voici un poème tiré du recueil «Gaspard de la nuit» :
OctobreLes petits savoyards sont de retour, et déjà leur cri
interroge l'écho sonore du quartier ; comme les hiron-
delles suivent le printemps, ils précèdent l'hiver.
Octobre, le courrier de l'hiver, heurte à la porte de
nos demeures. Une pluie intermittente inonde la vitre
offusquée, et le vent jonche des feuilles mortes du
platane le perron solitaire.
Voici venir les veillées de famille, si délicieuses
quand tout au dehors est neige, verglas et brouillard,
et que les jacinthes fleurissent sur la cheminée, à la
tiède atmosphère du salon.
Voici venir la Saint-Martin et ses brandons, Noël et
ses bougies, le jour de l'an et ses joujoux, les Rois
et leur fève, le carnaval et sa marotte.
Et Pasques, enfin, Pasques aux hymnes matinales et
joyeuses, Pasques dont les jeunes filles reçoivent la
blanche hostie et les oeufs rouges !
Alors un peu de cendre aura effacé de nos fronts l'ennui
de six mois d'hiver, et les petits savoyards salueront
du haut de la colline le hameau natal.